Bonjour,
Laurence, notre diva du web, étant partie quelques temps vivre son double métier de maman, les éditos de ces prochains mois seront différents de ceux auxquels vous vous étiez habitués.
Ce mois-ci, c'est Frédéric qui a souhaité écrire cet édito.
J'y allais avec des pieds de plomb. Pieds et poings liés…
J’ai eu l’occasion le 10 juin de participer à un colloque organisé par SAW-B, fédération d’économie sociale, et UNIPSO, union d’entreprises à profit social. Cette journée de travail s’intitulait : « Les associations entre ripostes aux pressions étatiques et incantations à l’innovation sociale ». Y intervenaient des personnes issues du monde académique et de la recherche et des acteurs issus du terrain.
J’y allais avec des pieds de plomb. Certes pas à cause du colloque. Non ! Mon métier à l’Institut Eco-Conseil, c’est d’accompagner des demandeurs d’emploi dans leurs apprentissages, dans leur découverte et appropriation d’un métier, celui d’éco-conseiller, dans leurs projets d’insertion socio-professionnelle. Mon métier à l’Institut Eco-Conseil, c’est d’amener un changement de société parce que le monde actuel est à bout de souffle.
Donc, j’y allais avec des pieds de plomb. Car je souffre avec ce qu’est devenu mon métier. Mon métier, ce n’est pas accepter de faire du chiffre. Mon métier, ce n’est pas accepter qu’un demandeur d’emploi ne puisse suivre notre formation car il n’a plus de revenus suite aux mesures du gouvernement. Mon métier, ce n’est pas accepter qu’un stagiaire cesse sa formation car il n’est pas remboursé de ses frais de déplacement. Mon métier, ce n’est pas accepter une logique où les enjeux sociaux, environnementaux, … soient mis à mal par des coupes budgétaires arbitraires. Mon métier, ce n’est pas accepter de réaliser toutes les statistiques demandées par nos financeurs. Mon métier, ce n’est pas accepter d’entrer dans les cases normatives. Mon métier, ce n’est pas accepter le projet néolibéral. Mon métier, ce n’est pas accepter que l’associatif soit muselé et détruit. Mon métier, ce n’est pas accepter les décisions inhumaines et indignes.
Mon métier d’éco-conseiller, je l’aime. Le 10 juin, j’ai rencontré des personnes qui souffrent aussi et qui envers et contre tout ont envie de changer ce monde qui est à bout de souffle.
J’avais les pieds de plomb en arrivant. J’avais un moral d’airain en repartant. J’ai envie de conclure cet édito en citant Jean-Louis Laville, professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers-Paris, chercheur au LISE (CNRS-cnam), sociologue et économiste, lors de ce colloque : « Aujourd’hui, les associations ont le choix entre mourir en silence ou reprendre la parole ».
J’ai donc décidé de reprendre la parole. Mon métier, c’est être éco-conseiller et de changer le monde.
Frédéric Lombart
En vous réseautant !
Rendez-vous en septembre !