Bonjour,
Pour notre Echo-Conseil de rentrée, Maître Bernard Walschaerts, notre collègue philosophe, vous propose un édito de circonstance. A vos cahiers !
De l'art du syllogisme aux projets verts...
Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le 1er septembre 2015, Joseph Stiglitz, lauréat du prix la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, a dit : "Ces dernières années, les profits ont augmenté de manière disproportionnée face aux salaires. Cette distorsion du partage des revenus est source d’inégalité et affaiblit la croissance potentielle" [1].
Pour l'exercice, retenons cette dernière phrase.
Les prémices d'une première conclusion
Quel rapport avec l’art du syllogisme me demanderez-vous ? Petit rappel, si besoin en est. Un syllogisme est un raisonnement déductif. C'est-à-dire que l’on part d’éléments particuliers pour aller vers une conclusion générale. Le plus souvent il est composé de deux prémisses articulées débouchant sur une conclusion. Où le fameux :
• Tous les hommes sont mortels (Prémisse 1)
• Socrate est un homme (Prémisse 2)
• Donc Socrate est mortel (Conclusion)
Notons d’emblée qu’en ce qui concerne ce pauvre Socrate, c’est bel et bien ce qui s’est passé. Comme quoi, on ne dit pas que des bêtises.
Suivant notre brave Joseph Stiglitz, nous avons un premier syllogisme :
• La distorsion du partage des revenus est source d’inégalité (Prémisse 1)
• La distorsion du partage des revenus affaiblit la croissance potentielle (Prémisse 2)
• Donc la source d’inégalité affaiblit la croissance potentielle (Conclusion)
"[…] les inégalités forment un terrible piège. Pour les Américains des classes populaires disposant d’une mauvaise couverture santé et qui ont difficilement accès à l’éducation, l’ascenseur social ne fonctionne plus. Ils ont peu de chance de voir leurs revenus augmenter. Or, sans hausse des revenus, il n’y a pas de hausse de la consommation, ce qui affaiblit la croissance" [1].
Tout est paradoxe
Ceci nous amène un pas plus loin. N’y a-t-il pas une communauté d’intérêts entre ceux qui souhaitent un affaiblissement de la croissance et ceux qui promeuvent les inégalités ? Verra-t-on un jour les thuriféraires de la décroissance et les dirigeants de Goldman Sachs se serrer amoureusement dans les bras au nom de lendemains qui chantent à l’unisson ? Une preuve par l’absurde que toute théorie menée à son paroxysme crée sa négation. A trop de manger de chocolat, on finit par ne plus pouvoir manger de chocolat parce qu’on a perdu son foie et sa foi.
Mais, on peut également retourner le syllogisme. Une croissance affaiblie n’est-elle pas synonyme de plus d’inégalité ? L’augmentation des inégalités est polyfactorielle et ne se limite pas à la crise de 2008 [2]. Pourtant c’est bien ce que vivent les Grecs. C’est ce que nous vivons [3]. Et le tribut payé par les associations environnementales montre bien un désengagement des pouvoirs publics.
Et si une autre vision était possible ? Joseph Stiglitz ajoute :
"[…] puisque les ressources de la planète sont limitées. Nous pourrions très bien nous accommoder d’une croissance durablement faible, si elle s’accompagne de politiques réduisant les inégalités" [1].
Comme quoi une politique keynésienne simpliste déracinée de toute notion environnementale ne fera pas l’affaire. Nous devons intégrer ces notions d’inégalités, de croissances faibles et de limites. Par le fait d’entreprendre, nous développons une société qui met l’économie au service d’une éthique sociale et non l’inverse. Il s’agit bien ici d’aider ceux qui entreprennent, qui proposent des projets à finalité environnementale. Nous portons le changement par l’action.
Et l'éco-conseil dans tout cela ?
Nous ne sommes ni goldma-sachsien, ni décroissantiste, ni stiglitzois. Nous promouvons une éthique. Allons vers un monde plus juste, plus libre, plus vert, plus solidaire. Ce que nous disent ces syllogismes ? Tout cela est lié.
Cela s’incarne dans des projets que nous accompagnons. Et si aujourd’hui comme demain, nous soutenions ceux qui veulent imaginer des nouvelles organisations, associations, compagnies, coopératives … pour qui ces valeurs ne sont pas seulement un moyen mais une fin ? Si c’est votre cas, nous voulons vous aider !
• Nous voulons travailler pour un monde plus juste, plus vert, plus libre, plus solidaire, (Prémisse 1)
• Vous voulez travailler pour un monde plus juste, plus vert, plus libre, plus solidaire, (Prémisse 2)
• Nous voulons travailler avec vous !
CQFD…
[1] Joseph Stiglitz. "L’Union européenne est en train de détruire son avenir", Le Monde, 1er septembre 2015.
[2] Tour d’horizon des inégalités croissantes de revenus dans les pays de l’OCDE.
[3] La crise accroît les inégalités de revenus en Europe. Observatoire des inégalités, 20 mai 2014.
En vous réseautant !
Rendez-vous en octobre !