Bonjour,
Ca vous est déjà arrivé ?
Vous savez, quand on se lève un matin en se disant « A quoi bon ? ». Ou qu’on ne se lève pas du tout. Quand notre petite éolienne intérieure cesse soudain de tourner parce que le souffle qui l’animait semble s’être épuisé.
Fatigue. Lassitude. Désespoir ?
Le simple fait d’allumer la radio au réveil a de quoi nous désespérer. L’incommensurable « bêtise » humaine nous semble inépuisable. Nul besoin d’aucune technologie pour la rendre renouvelable, elle semble s’auto-régénérer à une vitesse stupéfiante. Bêtise, inconscience, désinvolture, indifférence…Quel que soit le mot qu’on emploie, son infinitude semble bien plus avérée que celle des ressources naturelles de notre planète !
Oui, parfois nous sommes, comme dans la chanson de Renaud, « Fatigué » (1). Nous tentons chaque jour de porter des messages qui se heurtent encore souvent à la pensée dominante. Nous essayons de véhiculer des valeurs que plus d’un juge, au mieux, risibles. Lequel d’entre nous ne s’est jamais entendu rétorquer « Oh toi, avec tes idées…toi l’écolo, toi le bobo, toi l’utopiste, toi le… » ? Qui ne s’est jamais senti comme un extra-terrestre débarqué sur une planète étrangère et vaguement – voire parfois franchement – hostile ?
Alors, quelquefois, face à l’ampleur de la tâche et confronté aux limites de notre condition de petit humain, il est tentant de se dire « A quoi bon ? ».
Mais pourtant…Pourtant, un jour nous avons décidé de chausser ces lunettes qui nous font regarder le monde autrement. Avec lesquelles nous voyons les possibles, les peut-être, les alternatives, les différences, les choix, les actes qui peuvent être posés. Et depuis, il nous est impossible des les enlever. Parce que c’est celles-là qui nous vont. Qu’elles sont faites pour nous. Parce qu’elles nous apportent la conviction que là est notre place. Quoi qu’il advienne.
Non, nous n’allons pas changer le monde. Non, nous n’allons pas sauver la planète, qui n’en demande pas tant. Non, pas tout seul. Mais nous allons continuer à poser chaque jour des actes qui font sens, pour nous et pour le monde que nous voulons voir émerger. Avec d’autres. Avec tous ces citoyens qui se lancent dans des initiatives de transition (2), avec les opposants au TTIP qui s'acharnent à perturber les négociations (3), avec les permaculteurs (4), avec les réenchanteurs (5), avec…
Avec les quelques 800 éco-conseillers, avec les 50 nouveaux stagiaires qui s’engagent pour un an de formation chaque année. Avec ceux qui rejoindront pour la 4ème année de suite la formation à horaire décalé, tout en continuant à travailler. Avec les délégations étrangères qui viennent se former chez nous….
Non, nous ne sommes pas des extra-terrestres – enfin, pas tous ;-). Nous sommes, nous incarnons, tous, chacun, une force de changement puissante, vivante, inspirante, dans un monde qui n’en finit pas de s’emballer.
Est-ce que ça suffira ? Peut-être…
Mais l’important ne sera-t-il pas de ne pas avoir baissé les bras et d’avoir continué tout simplement parce que c’est ce qui fait sens pour nous ?
« Vivre, c’est ne pas se résigner » disait Albert Camus (6).
En vous réseautant.
Bel été :-) !
(1) Renaud - "Fatigué" - Album "Mistral gagnant" (1985)
(2) Voir la campagne "Pousses de transition" de Réseau Transition
(3) TTIP Game Over
(4) Permaculture sans frontières
(5) Les Bibz's
(6) Albert Camus - "Noces" (1939).
